serviteur de l'oligarchie
financière
(Italie - Autriche - Norvège - Hollande)
(Italie - Autriche - Norvège - Hollande)
Les
partis européens d'extrême droite partagent une série de valeurs culminant dans
la "dénonciation" du "système" et fustigeant les
"élites" - jugés corrompus - qui investissent aussi bien les partis
politiques, l'Assemblée nationale et le sénat.
La
dénonciation des structures supranationales (la Banque Centrale Européenne, la
Commission Européenne, le Fonds Monétaire International, etc.), ainsi que des
immigrés et des citoyens n'étant pas de "souche", fait partie de la
rhétorique habituelle de l'extrême droite.
C'est
ainsi que l'extrême droite ethnicise les problèmes sociaux. Car l'ethnie
principale n'est "ni de gauche, ni
de droite". Les problèmes sont créés par les "autres",
transformés en boucs émissaires.
En
France, le Front National (FN), qualifie la République de "gueuse" ou
de "Ripoublique" qui
empêche l'expression de la volonté populaire. Face au "système",
l'extrême droite française exprime sa "confiance
absolue dans le peuple". Pour elle "le peuple est naturellement de bon sens et pur"! Inutile de
dire que nous n'avons pas la même conception du peuple.
Qu'en
est-il des autres pays européens?
En Italie, le vide créé par la chute électorale
de l'"Alliance du Nord", néofasciste "repentie" et alliée
de Berlusconi, a été rempli par une espèce de comique, Beppe Grillo - chef du Mouvement 5 étoiles(M5S) -. C'est l'extrême
droite pure et dure. Beppe Grillo se
déclare en guerre contre des "ennemis
intérieurs et extérieurs" tels que la presse, la Commission
européenne, le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et
tous les politiciens.(1)
La
pensée politique de Beppe Grillo et
de son inspirateur et gourou, Gianroberto
Casaleggio, a été révélée dans un livre d'entretien (Il Grillo canta sempre al tramonto, non traduit) où s'exprime leur
nostalgie de l'Italie du Moyen Âge et de la Renaissance.
Intervenant
dans le débat sur la "citoyenneté
italienne", Beppe Grillo
refuse, comme le souhaite la ministre de l'intégration, de substituer le droit
du sol au droit du sang, un repli identitaire, qui va de pair avec l'euro, la
cause de tous les maux de l'Italie. Beppe Grillo propose de sortir de l'euro,
suite à un référendum.(2)
Comme
l'extrême droite française, Beppe Grillo
attaque les corps intermédiaires, tels que les syndicats, les partis
politiques. Le remplacement des élus se fera par la "vox electronica", la Toile. Le "non- leader du no- parti"
évoque des "valeurs communes"
avec l'officine néofasciste CasaPoundItalia.(2)
Une
saisissante ressemblance entre le FN et le M5S
Le
FN s'adresse "aux petits, aux
sans-grades, aux oubliés", M5S s'adresse à toutes "les victimes et les dégoûtés" de la
triples crise italienne.(3)
L'Italie
connait, en outre, un mouvement de protestation du type "Bonnets rouges", hétéroclite et
incontrôlable qui s'en prend "à la
caste" - comprenant aussi bien l'Union européenne, la classe
politique, les syndicats et même les libraires -. C'est le mouvement de révolte
des Forconi ("les
fourchettes") qui regroupe pêle-mêle les camionneurs, les chômeurs, les
supporteurs de foot.(4)
Andrea
Zunino, l'un des porte-parole des Forconi,
prêt à rencontrer Grillo, accuse les "banquiers juifs" d'être
responsables des crises économiques en Italie. Selon lui "L'Italie est l'esclave des banquiers juifs".(4)
Affaiblie,
la "Ligue du Nord" s'est radicalisée à son tour, revenant aux sources
du mouvement: xénophobie, antieuropéisme et indépendance, sous l'égide de son
nouveau chef Matteo Salvini. Ce dernier a déclaré en 2009 être en faveur de
wagons séparés pour les Milanais de souche dans le métro de la capitale
lombarde, dont il est originaire.(5)
Les
résultats de l'alliance Berlusconi- Ligue du Nord sont là:" L'Italie sort exsangue et déprimée de vingt
ans de berlusconisme"! (3)
L'Autriche est le deuxième pays le plus riche de
l'Union européenne après le Luxembourg. Pourtant, le "Parti autrichien de
la liberté" (FPÖ), parti d'extrême droite a recueilli 21,4% des suffrages
aux législatives de 2013, en hausse de près de quatre points par rapport à
2008, derrière les sociaux démocrates du SPÖ (27,1%).(6) Le FPÖ a
mené campagne contre Bruxelles, les demandeurs d'asile et les immigrés.(7)
Pour
Patrick Moreau, spécialiste de l'extrême droite, plus rien ne s'oppose plus à
ce que le FPÖ et le FN concurrencent durablement les partis de gouvernement.
"Ils ont une stratégie en tout point semblable."
Comparaison
entre FN et FPÖ: "Leur curseur
idéologique...repose sur trois notions: d'abord l'autoritarisme, parce qu'il
faut faire peur...ensuite la critique de l'islam, de l'Europe et de l'euro,
bref de la mondialisation."(6)
Penchant
nazi du FPÖ
Barbara
Rosenkranz, candidate du FPÖ à la présidentielle, entretient de l'ambigüité
avec le nazisme. Chaque année au mois de juin, elle organise dans son jardin
une "fête du solstice". Son
mari est connu pour ses liens avec la mouvance néonazie. Il édite la revue Fakten, toujours prête à dénoncer "les Turcs, les Tchétchènes, les Asiatiques,
les tziganes et les nègres" ou "les poncifs éculés des prétendus
crimes de la Wehrmacht et des horreurs des camps". Elle critique le
féminisme et la théorie du "genre", qu'elle a résumé dans un pamphlet
sous-titré "Vers des être humains
asexués".(8)
En
Norvège, l'extrême droite organisée
est représentée par le parti du progrès (FrP). Fondé en 1973, une année après
le Front national, FrP a prôné l'anti-immigration dans les années 1980. Sa
patronne, Siv Jensen, dénonce "l'islamisation
rampante" du pays. Pour Olivier Truc, envoyé spécial du quotidien Le Monde en Norvège, "le FrP sent le soufre (...) anti-impôt, anti-bureaucratique,
anti-social-démocrate, il est devenu anti-immigré (...) son discours anti-islam et anti-immigration
dérange."(10)
Sur
l'un de ses tracts, FrP stigmatise les étrangers "ce délinquant est étranger".(9)
Il
faut rappeler que Anders Behring Breivik, l'auteur du double attentat du 22
juillet 2011, qui a fait 77 morts, a été membre du FrP pendant dix ans.(9)
Hier antisystème, FrP fait actuellement partie intégrante du jeu politique.
Aux
législatives du 09 septembre 2013, FrP devient le troisième parti du pays et
participe à la formation du nouveau gouvernement en décrochant les postes clés
des finances, du pétrole, de la justice et des transports! Des postes qui lui
permettent de traquer légalement les immigrés, de supprimer la subvention aux
associations, à la culture et au service public en général, de raboter les
soins de santé, les indemnités de chômage, entre autres.
Aux Pays-Bas, la cinquième économie de la zone
euro, le parti d'extrême droite se nomme "Parti pour la Liberté" (PVV), dirigé par Geert Wilders. PVV
triple le nombre de ses députés aux législatives partielles de juin 2010,
obtenant 24 sièges de députés et devenant ainsi la troisième force politique du
pays. Le gouvernement minoritaire de Mark Rutte conclut une alliance avec
l'extrême droite au moment de son entrée en fonction en octobre 2010: en échange du soutien du PVV à un vaste
programme de coupes budgétaires!(11)
L'extrême
droite aux Pays - Bas [et partout en Europe] est devenue un élément déterminant
entre les mains de l'oligarchie financière, adepte des coupes budgétaires et de
la casse du service public. Ainsi, lors de son discours traditionnel, le roi
des Pays - Bas, Willem - Alexandre a déclaré : "la fin de l'Etat-providence." Selon le ministre des finances:
"Six milliards d'euros de coupes
supplémentaires [sont] prévues,
notamment dans les soins de santé et la sécurité sociale"(12)
En
l'absence d'un sursaut des Français pour défendre le service public, nous
risquons de revivre un scénario identique en France!
A.R.
(1)
Philippe Ridet - Le Monde du 26 -27
janvier 2014.
(2)
Philippe Ridet - Le Monde du 13-14
octobre 2013.
(3)
Philippe Ridet - Le Monde du 12
novembre 2014.
(4)
Eric Jozsef - Libération du 17
décembre 2013.
(5)
Philippe Ridet - Le Monde du 24
janvier 2014.
(6)
Libération du 1er octobre 2013.
(7)
Le Monde du 1er octobre 2013.
(8)
Joëlle Stolz - Le Monde du 09 mars
2010.
(9)
Le Monde magazine du 21 septembre
2013.
(10)
Le Monde du 04 septembre 2013.
(11)
Par Europe 1.fr avec AFP - publié le 24 avril 2012. Lis à jour le 24 avril
2012.
(12) Libération du 18 septembre 2013.
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