Info
N° 52 – avril 2013
Bulletin de Justice &
Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite
et pour le
respect de l’Etat de Droit
Membre de la Coordination Nationale
contre l’extrême droite (CONEX)
Lettre ouverte à François Hollande,
Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président,
C’est avec beaucoup d’attention
que nous avons suivi votre intervention jeudi 28 mars sur la chaîne publique. (Suite page 2)
Le «virage libéral» : sortie de route assurée
De mauvaises nouvelles
s’accumulent. «Aulnay, PSA : 3000 salariés. Amiens-Nord, Goodyear :
1173 salariés. Deux usines en voie de disparition. Deux sites qui, à l’horizon
2014, devraient avoir été rayés de la carte industrielle de la France.»
(1)
(Suite page 3)
Le FN est-il l’avenir de l’UMP ?
«Ce n’est plus une digue, mais un simple lacet qui sépare
aujourd’hui la droite de l’extrême droite». (Suite page 4)
La politique migratoire
du gouvernement :
Changement, continuité ?
D'où vient
cette impression curieuse, dix mois après la présidentielle, de s'être trompé-e
de bulletin et d'avoir revoté Sarkozy? Examinons de plus près la politique du
gouvernement en matière migratoire, un marqueur de la politique sarkozyste. (Suite
page 5)
Lettre
ouverte à François Hollande…
Vous
employez un ton pédagogique pour expliquer au commun des mortels que l’emploi
est votre priorité et la croissance votre horizon. Pour nous rassurer, vous
martelez que «tous les outils sont là».
Or,
les faits sont têtus. La croissance est au point mort et chaque jour près de
1000 Français viennent se rajouter à l’armée des chômeurs.
Vous
voulez vous montrer maître à la barre mais vous négociez avec la Commission
européenne le niveau du déficit en 2014 et le contenu du programme de
stabilité. Or, ladite Commission est mue par le même esprit libéral que le
Fonds Monétaire International (FMI), qui ne jure que par des principes
économiques nuisibles au service public et aux besoins essentiels de la
population.
Monsieur
le Président, la pédagogie seule ne suffit pas pour ramener la croissance et
redonner confiance à une population qui souffre sur le terrain. Vous le
ressentez vous-même. Vous n’êtes plus en position de force pour imposer vos
promesses électorales de progrès social à une société où la droite-même
décomposée- et l’extrême droite sont à l’offensive. Vous ne parlez plus du
droit de vote des étrangers ; vous avez oublié l’amnistie des
syndicalistes; vous n’avancez aucun calendrier précis pour la suppression des
peines plancher, etc.
Par
contre, vous suivez les conseils néfastes de la Commission européenne et vous
envisagez de prolonger la durée de la cotisation retraite, de baisser les
dotations de l’Etat aux collectivités, ce qui aura un impact sur les finances
des associations, lesquelles jouent un rôle non négligeable sur le terrain de
lutte contre les injustices sociales.
Vous
êtes pour la rigueur, mais pas pour l’austérité dites-vous. Expliquez-nous la
différence, à l’aune de vos décisions, lesquelles ont contribué à ralentir
l’activité économique, augmenter le chômage, augmenter la dette publique qui
passe à 90,2% du PIB. Normal. La machine économique tourne au ralenti, les
entreprises délocalisent ou ferment, les rentrées fiscales se font rares, le
chômage augmente et le gouvernement donne un tour de vis supplémentaire qui
ralentit davantage l’activité économique.
Vous
nous avez promis la croissance, nous ne voyons que l’austérité qui étouffe nos
concitoyens. Vous nous avez promis le volontarisme, nous ne voyons que le
suivisme aveugle des préceptes libéraux de l’Union européenne que d’aucuns
voient sous la coupe de l’Allemagne.
Nous
sommes d’accord avec vous lorsque vous dites : «Prolonger
l’austérité c’est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la
certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une
bouchée le moment venu.»
Nous
y voilà. Vous prolongez l’austérité, vous n’arrivez pas à réduire les déficits,
vous êtes, vous et votre gouvernement, impopulaires et la droite et l’extrême
droite fanfaronnent.
Les
législatives partielles dans l’Oise des 17 et 24 mars sonnent comme un
avertissement. Face à l’offensive conjointe de la droite et de l’extrême
droite, le candidat socialiste a été balayé au premier tour. Le taux élevé de
l’abstention est un autre indicateur de l’échec de votre politique économique
et des promesses non tenues.
«Le
populisme monte partout en Europe», donc en France. Qu’attendez-vous pour
emprunter le cap de la croissance, pourtant promis par le candidat
Hollande ? En 2014 il sera peut-être trop tard. «Le spectre des
jacqueries sociales»* pointe à l’horizon.
Vous
ne voulez pas être tenu pour responsable de l’arrivée de l’extrême droite au
pouvoir : Nous, Justice & Libertés, vous demandons d’appliquer
une politique de justice sociale et d’égalité, conforme aux valeurs
républicaines, seul moyen d’empêcher la montée de l’extrême droite.
*Michel Noblecourt,
éditorialiste- Le Monde du 28 mars 2013.
Le «virage libéral»…
«Trois
millions de Français semblent renoncer aux vacances en 2013 (…) le pouvoir
d’achat baisse. Et le cancer du tourisme, c’est le chômage» selon Didier Arino,
directeur de Protourisme. (2)
Alors
que l’OCDE critique la France sur le terrain de la croissance et du manque de
compétitivité des entreprises, cette dernière annonce dans le même temps un
taux de chômage qui «continue d’augmenter avant de se stabiliser à 11,25%
fin 2013» (3).
A
chaque fois que le patronat et les autorités économiques européennes parlent
d’augmenter la «compétitivité», le chômage augmente. En effet, la
France, dont le chômage en métropole repasse au-dessus de 10%, n’est pas aussi
«compétitive» que l’aurait souhaité l’OCDE. Fin 2013, la France gagnera
en «compétitivité» et le taux de chômage se stabilisera à 11,25% !
CQFD. En effet, la France doit présenter un programme de réforme douloureuse
à la Commission européenne mi-avril.(2) C’est-à-dire que les
salariés vont souffrir encore davantage. Le gouvernement qui projette de
raboter les allocations familiales, devrait ensuite s’attaquer à la
retraite : augmenter, d’une part la durée du travail et, d’autre part,
baisser les pensions. Ça va faire vraiment mal.
C’est
pourquoi, le premier ministre appelle les Français à un «compromis
historique» pour préserver le modèle social. C’est ce qu’on appelle de la
démagogie ! En effet, selon le dictionnaire Le Petit Robert, le
«compromis» signifie «convention par laquelle les parties, dans un litige,
recourent à l’arbitrage d’un tiers» ; ou «arrangement dans lequel on se
fait des concessions».
Tout
le monde sait que les deux parties en litige sont les salariés et le patronat
qui a les oreilles et les faveurs de l’arbitre (le gouvernement et l’OCDE).
C’est pourquoi le faux «arbitre» nous promet des réformes douloureuses-pour
les salariés bien sûr- qui devraient faire augmenter, sur le terrain, le taux
du chômage, développer la précarité de l’emploi, accélérer la baisse du pouvoir
d’achat et la diminution des pensions, allonger la durée du travail, augmenter
la flexibilité, cédant ainsi aux exigences du MEDEF. C’est précisément le
modèle social français qui en prend un coup. L’arbitre est vendu !
Lorsque
le premier ministre s’exprime, on croit entendre François Fillon, le premier
ministre potiche de Nicolas Sarkozy. C’est ce que pense Emmanuel Maurel,
secrétaire national du Parti Socialiste (PS), pour qui l’accord sur l’emploi
signé en janvier par les partenaires sociaux «reprend les fameux accords compétitivité-emploi de
Sarkozy, que François Hollande avait condamnés.»(4) A ceci près
que les «accords compétitivité-emploi» de Sarkozy ont été rebaptisés «accords
de maintien dans l’emploi» avec les conséquences que l’on sait :
augmentation du taux de chômage !
Au
PS «on» s’agace de plus en plus d’un «virage libéral» de M. Hollande.(4)
Sur le terrain, c’est Harlem Désir, premier secrétaire du PS, qui paie
les «pots cassés». Le 28 février, à Marmande (Lot-et-Garonne), il
animait des «ateliers du changement», lorsqu’un participant a lancé «revenez
à gauche» ! (5) Message on ne peut plus clair.
«Virage
libéral» signifie que parallèlement au développement de la précarité, du
chômage et de la pauvreté, le nombre des riches ne cesse d’augmenter. Ainsi,
nous apprenons que Liliane Bettencourt, héritière de l’Oréal, est désormais la
femme la plus riche au monde (9e rang, 30 milliards de dollars, soit
23 milliards d’euros) et Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH,
est 10e, avec une fortune estimée à 29 milliards de dollars. (6)
Pourtant,
ce sont leurs serviteurs au MEDEF qui exigent encore et encore plus de «compétitivité» !
La mondialisation de l’économie augmente les moyens de pression du patronat
qui, devenu sans patrie, agit en position de force en France et ailleurs. Pour
preuve : «les destructions nettes d’emploi s’élèveraient quand
même à 74 000 pendant la première moitié de l’année.» (7)
Faute
de pouvoir compter sur les ménages français, «La reprise ne peut venir que
de l’extérieur», note Claire Guélaud, journaliste. (7) Car «le
pouvoir d’achat des ménages reculerait de 0,1% et leur consommation marquerait
le pas.» L’investisseur venu d’ailleurs exigerait également une hausse de
la «compétitivité» pour faire baisser le coût horaire du travail. C’est
un serpent qui se mord la queue.
Malgré
les mises en garde, le premier ministre persiste et signe : «Ma
rigueur, c’est la réforme» ce qui n’est rien d’autre qu’insister dans la
voie du «virage libéral», conduisant inéluctablement à une impasse
généralisée.
A.R.
(1) Francine
Aizicovici et Philippe Jacqué- Le Monde du 17-18 mars 2013.
(2) Dernières
Nouvelles d’Alsace (DNA)- 21 mars 2013.
(3) Claire Guélaud-
Le Monde du 20 mars 2013.
(4) S.I.- Le Monde
du 08 mars 2013.
(5) Hélène
Bekmezian, Bastien Bonnefous, Françoise Fressoz et thomas Wieder- Le Monde du
09 mars 2013.
(6) AFP, cité par Le
Monde du06 mars 2013.
(7) Claire Guélaud-
Le Monde du 23 mars 2013.
Le FN
est-il l’avenir de l’UMP ?
A
l’issue d’un mois de conflit à couteaux tirés, entre François Fillon et
Jean-François Copé, un accord de sortie
de crise a été signé entre les deux hommes le 17 décembre 2012.
Sous
une apparence trompeuse d’unité, rien ne va plus entre François Fillon et
Jean-François Copé. Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, François
Fillon s’exprime clairement sur ses valeurs : «La stratégie des boucs
émissaires en visant les étrangers, l’Europe ou les chefs d’entreprise. Moi je
m’y oppose.» (1)
En
prenant ses distances avec la «stratégie des boucs émissaires», François
Fillon se démarque donc des tenants d’une ligne populiste et clivante, soutenue
par les «amis» de Nicolas Sarkozy dont Jean-François Copé, conseillés par
Patrick Buisson, venu de l’extrême droite maurassienne.
La
brouille entre les deux hommes reflète avant tout la persistance d’une confusion
idéologique au sein de l’UMP, désormais privé d’un chef, capable d’unifier
toutes les tendances, dont celle qui n’hésite plus à considérer le «Front
national» (FN) comme un parti comme les autres.
Certains,
comme Michel Guénaire, avocat et écrivain, se réclament de cette
tendance. «Le temps est révolu de l’ancrage du Front national à l’extrême
droite (…) Alain Juppé dit qu’il y a une différence de valeurs entre
l’UMP et le Front national. Je ne le crois pas, ou je ne le crois plus.» (2)
Michel Guénaire n’avance aucun argument. Nous proposons de l’aider dans sa
réflexion.
Suite
à sa politique de «dédiabolisation», Marine Le Pen déclarait jeudi 03
février 2011 que «ce qui s’est passé dans les camps nazis est le summum de
la barbarie.» (3) Une prise de position claire et nette, mais
qui ne trompe personne en ce qui concerne sa nature opportuniste. En effet, en
politique il faut savoir mentir et l’extrême droite est maîtresse en la
matière. En réalité, le FN reste antisémite, pétainiste, raciste, nationaliste
et maurassien.
On
voit bien qu’il y a une différence radicale de valeurs entre les républicains
et le Front national, issu de l’alliance du groupuscule d’extrême droite «Ordre
nouveau» et du groupe «Militant» dirigé par d’anciens SS, Pierre Bousquet et
Jean Castrillo. Il n’est de secret pour personne que le FN comprend des
monarchistes, des catholiques intégristes, des maurassiens et autres
nostalgiques de Pétain et de l’Algérie française.
Certaines
franges de l’UMP ne veulent pas voir la vérité en face et, au prix de perdre
leur âme républicaine, embellissent le FN. Car, une crise profonde secoue
l’UMP. Pour 2014, dans de nombreuses villes, le parti n’arrive même pas à
former de liste pour les municipales.
Pour
certains analystes de la vie politique, les électeurs de droite ont une culture
politique bonapartiste et ont l’habitude de suivre un chef. Or, le spectacle de
division donné par François Fillon et Jean-François Copé a laissé des séquelles
et fait fuir les électeurs. (4)
Comment
sortir de la crise actuelle ? Vu la confusion idéologique de l’UMP ainsi
que le manque de charisme de Jean-François Copé et de François Fillon, certains
n’hésitent pas à se tourner, ne serait-ce que timidement, vers le Front
national, dirigé par une «chef» qui monte dans les sondages.
Mardi
19 mars 2013, Marion Maréchal Le Pen interpelle Manuel Valls à l’Assemblée
nationale : «Vous dénoncez le fait que la majorité des Roms ne
souhaite pas s’intégrer dans notre pays, monsieur le ministre, je rejoins votre
constat, car vous avez raison.»(5) Elle a été acclamée par une
vingtaine de députés UMP ! Pour l’ex-ministre UMP de l’agriculture, «le
pire c’est que ces encouragements [des députés UMP] ont été spontanés.
Et il fallait voir ceux qui sont allés ensuite la féliciter… Ce n’est
plus une digue, mais un simple lacet qui sépare aujourd’hui la droite de
l’extrême droite.» (5)
A
travers Marion Maréchal Le Pen, la vingtaine de députés UMP, applaudissait en
fait Le FN et envoyait un message à Marine Le Pen et à l’UMP. A moins d’un
miracle, une scission de l’UMP, entre les lepénistes et les républicains de
droite semble inévitable.
Pour
nous, le plus inquiétant, c’est l’approbation par la députée frontiste des
propos inacceptables anti-Roms du ministre socialiste de l’intérieur. Nous
osons espérer, Monsieur le ministre, que vous n’êtes pas sur la même longueur
d’onde populiste que l’extrême droite, qui saisit toutes les occasions pour
s’en prendre à des populations fragiles et marginalisées afin de mieux défendre
le grand capital.
Si
certains Roms ont des problèmes d’intégration, c’est avant tout à cause des
difficultés administratives, rencontrées en France par cette population,
martyrisée et discriminée dans son pays d’origine et du racisme dont elle est
victime. L’exemple d’«Anina, la petite mendiante rom devenue major de la
Sorbonne», (6) fait mentir tous les clichés diffusés par l’extrême
droite et les racistes sur les Roms.
L’avenir
ne semble pas très rose, d’autant plus que la réorganisation de la droite
finira par donner un certain avantage à l’extrême droite, peut-être bientôt au
sein d’un gouvernement à l’italienne. Merci monsieur Nicolas Sarkozy ;
vous avez bien abimé la République !
A.R.
(1)
Alexandre Lemarié et Vanessa Schneider-Le Monde du 27
février 2013.
(2)
Michel Guénaire- Le Monde du 14 septembre 2012.
(3)
Le Monde du 05 février 2011.
(4)
Thomas Guénolé- Le Monde du 16 mars 2013.
(5)
Ariane Chemin- Le Monde du 24-25 mars 2013.
(6)
Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 25 mars 2013.
La
politique migratoire…
Si l'été fut éreintant pour CASAS(
l'association qui se charge d'aider les demandeurs d'asile à constituer leur
dossier), le travail augmentant alors qu'elle avait perdu 50% de ses salariés,
la situation de l'hébergement d'urgence sérieusement dégradée, l'espoir
demeurait: en ce début d'été : les familles avec des enfants de moins de
trois ans étaient logées par le Conseil Général du Bas-Rhin, et Valls avait
annoncé en juin une loi promettant un titre de séjour pour trois
ans(1).Cependant pas moyen de trouver un hébergement pour un lycéen et sa mère,
et à la fin de l'été on trouvait à nouveau des familles avec jeunes enfants à la
rue.
Les annonces allaient dans le bon sens: les
possibilités de passer de la carte d'étudiant-e à celle de salarié-e étaient
étendues (même si elles existaient sous Guéant) (1). Valls annonçait
la fin de la rétention des familles et précisait qu'elles seraient assignées à
résidence. Cependant il y a eu des familles retenues à Metz et ailleurs, et il
a fallu intervenir pour faire cesser leur rétention.
-Fin du délit de solidarité.
- Abrogation du paiement de trente euros pour
avoir droit à l'aide médicale d'urgence.
-En août 2012 suite aux évacuations contestées
des campements de Roms paraît une circulaire prévoyant des mesures
d'accompagnement (scolaire, santé, etc. ;). La liste des métiers qui leur
sont ouverts est rallongée.
-Les taxes payées par l'employeur et le
ressortissant étranger pour bénéficier de la carte de travail sont supprimées.
Ils peuvent bénéficier de formations. (On remarquera que le statut particulier
des Roumains et Bulgares prenant fin en janvier 2014, ces réformes sont
obligatoires).
-Cependant le droit de travailler est soumis à
autorisation préfectorale.
Le 28 novembre une circulaire précise les
critères de régularisation des sans-papiers. Le but n’est pas de régulariser en
masse. Le dossier est compliqué et long à constituer. Même si toutes les
conditions sont remplies, c’est le Préfet qui décide en dernière instance, car
une circulaire n’est pas opposable en droit.
Le refus de séjour est accompagné d’une
obligation de quitter le territoire, voire d’une interdiction du territoire. La
régularisation est difficile. On demande les bulletins de salaire, qui sont
impossibles à fournir pour des travailleurs et des travailleuses qui ne sont
pas déclaré-es (2)
Nouvelle circulaire le 11 mars 2013 :
Elle prétend rompre avec la politique du chiffre mais a pour objectif de faire
un maximum d’éloignements. Chaque décision de libération sera comptabilisée
comme un échec du préfet.
Objectifs :-
Identifier les patrons faisant
travailler les sans-papiers
-
déclarer
les personnes en situation irrégulière au fichier des personnes recherchées
-
est
considéré comme un délit la non-communication de papiers permettant d’éloigner
la personne. Il peut être puni de 5 ans d’interdiction du territoire.
-
les
retours volontaires ne seront plus comptabilisés.
Des protocoles sont signés avec les autorités
judiciaires. (3)
La publication de la circulaire coïncide à
Strasbourg avec la mise en place d’une politique d’accès plus difficile pour
les citoyens souhaitant assister aux audiences du JLD (juge des libertés et de
la détention), qui prolonge la rétention des sans papiers en l’absence de
solution (régularisation, renvoi dans le pays d’origine quand on peut
l’identifier ou audience au Tribunal Administratif). Auparavant nous pouvions
avoir communication des audiences par téléphone. Dorénavant on doit se
présenter au greffe le matin même pour avoir les informations, m’a dit la
greffière quand je me suis présentée le lundi matin 18 mars pour avoir
communication des audiences de la semaine.
Pour
que le message soit clair Manuel Valls déclare dans la presse que les Roms ont
vocation à retourner en Roumanie parce que beaucoup « ne
souhaiteraient pas s’intégrer dans notre pays ».
A l’été 2010 Nicolas Sarkozy Président s’était
déjà aventuré sur ce terrain- là dans
son « discours de Grenoble ». Mais « début septembre le Parlement
Européen avait « enjoint » au gouvernement français de suspendre
l’expulsion des Roms. Fait curieux, il se trouve que le président du plus
important groupe parlementaire européen, le Parti Populaire Européen, qui
regroupe les démocrates-chrétiens et les conservateurs, est un adhérent de
l’UMP : il s’agit de l’Alsacien Joseph Daul.»(4) Le problème
est récurrent.
Nos ministres de l’intérieur, à droite comme à
gauche, sont fort occupés des problèmes migratoires. Nos gouvernements traitent un
symptôme sans s’attaquer aux raisons profondes de la crise, en utilisant
le système du bouc émissaire pour faire diversion.
E.H.
1. Intervention d’Annie Kayser, présidente du Conseil Régional de la CIMADE
au stammtisch du Club Jacques Peirotes le 25 mars 2013-04-07
2. Journal de l’Organisation de Femmes Egalité n°67mars 2013 p
26-27
3. L‘enregistrement audio de l’intervention d’Annie Kayser est disponible
sur La feuille de chou
Bulletin de la Fédération Syndicale Unitaire d’Alsace n°56
p 6
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