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N°51 – février- mars 2013
Bulletin de
Justice & Libertés
Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit
Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit
Membre de la
Coordination Nationale Contre l’Extrême Droite (CONEX)
Non aux politiques d’austérité !
La
politique économique «merkozy» nuit
gravement à la santé sociale
«Austérité», «rigueur» ou «désendettement». Quel que soit le terme choisi, les conséquences en sont catastrophiques pour les salariés : précarité, licenciement-surtout financier-, chômage : «Le taux de chômage actuellement de 10,5% en France devrait grimper à 10,7% en 2013, puis à 11% en 2014, selon Bruxelles.» (1) (Suite page 2)
Les ayatollahs de la régression sociale de la droite décomplexée
Les deux prétendants à la direction
de l’UMP, comparés à Nicolas Sarkozy, sont des «seconds couteaux», des
exécutants.
La course aux arguments empruntés à l’extrême droite, et à la
régression sociale, bat son plein à l’UMP. (Suite page 3)
Hommage à
Stéphane Hessel l’indigné
(Suite page 4)
Non aux politiques
d’austérité ! (Suite de la 1ère page)
La paupérisation se développe de plus en
plus et les organisations charitables-Restaurants du Cœur, Croix Rouge, Secours
Populaire, Banque Alimentaire- sont submergées. Personne n’y échappe :
jeunes ou moins jeunes, vieux, femmes et hommes en pleine force de travail sont
réduits à manifester ou à s’accrocher à leur outil de travail, susceptible
d’être délocalisé ou d’être fermé définitivement. «GAD SAS [la société
bretonne des abattoirs], Doux, mais aussi PSA Aulnay, Petroplus,
Goodyear,…la liste des défaillances et des fermetures d’entreprises ne cesse de
s’allonger. En 2012, quelque 266 fermetures de sites industriels ont été
recensés, soit 42% de plus qu’en 2011. En l’espace de quatre ans, 1087
fermetures ont été annoncées.» (2)
En face, la bourse se porte comme un
charme et les patrons n’hésitent pas à afficher leur salaire mirobolant (comme Carlos
Ghosn, patron de Renault). L’écart entre la minorité de Français nantis et les
autres se creuse et le pays n’a jamais compté autant de millionnaires,
redevables de l’«impôt sur la fortune» (ISF).
C’est la politique d’austérité appelée
également «merkozy», cette politique économique imposée par les institutions
ultra libérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque
centrale européenne (BCE) ; cette politique appliquée assidûment par le
couple Merkel-Sarkozy qui est à l’origine des problèmes de stagnation, de
paupérisation, de fermeture d’usines et de chômage de masse que connait la zone
euro.
Rien qu’en France, «30 000
chômeurs par mois depuis l’élection de François Hollande» (1)
s’ajoutent à l’armée des chômeurs du pays. Même les différents plans comme le «contrat
de génération» ou les «emplois d’avenir», si louables et nécessaires
soient-ils, ne sont pas en mesure de combattre ou de ralentir la poussée du
chômage, du déclassement et de la paupérisation qui gagnent du terrain.
François Hollande reconnaît lui-même : «l’année 2013 sera marquée par
une progression du chômage.» (1)
En effet, «les entreprises pourraient supprimer
200 000 emplois d’ici à fin 2014 en France.» (3) Si la
croissance se maintient à zéro en 2013 et 2014, ce sont 500 000 emplois
supplémentaires qui disparaîtront, selon Eric Heyer, de l’Observatoire Français
des Conjonctures économiques. (3)
Et même une partie de la majorité est
consciente qu’elle «se coupe du social, du monde syndical et associatif»
selon Jérôme Guedj, l’élu de l’Essonne. Toujours selon lui : «Je ne
vois pas où on va, j’ai peur qu’on revive 2002 en 2017.» (4)
C’est dans un tel climat d’explosion du
chômage que le ministre du budget, Jérôme Cahuzac annonce qu’il faudra trouver
en 2014 «6 milliards d’euros de recette» en plus pour assurer la
stabilité fiscale. (4)
Un autre gagnant de la crise actuelle
est l’extrême droite. Marine Le Pen et ses alliés identitaires n’hésitent pas à
distribuer des tracts incendiaires à connotation «sociale» devant les usines en
difficulté.
Ainsi le Collectif Antifasciste Rennais
explique : «Le 23 Mars le groupe d’extrême
droite Jeune Bretagne organise à Chartres de Bretagne une conférence
intitulée : «Que faire face à la crise sociale européenne ?». Cette organisation n'a pas choisi cette ville
de façon anodine. Elle compte utiliser
les licenciements et l'attaque patronale de la direction de PSA frappant
l'usine de La Janais, comme les autres sites du groupe, pour se faire connaître
et développer ses thèses xénophobes et violentes.»
«Désendettement- rentrées fiscales
supplémentaires-récession-chômage-baisse du pouvoir d’achat-récession» devient
un cercle vicieux. Alors, pourquoi continuer sur une pente glissante qui
conduit droit à tant de désastres sociaux ? Nous avons combattus ensemble
la «TVA sociale» du pouvoir sarkozyste et, maintenant,
on nous informe que, pour trouver les 6
milliards de recettes supplémentaires pour 2014, «les députés PS envisagent
d’augmenter la TVA à 20,5%» (5) en lieu et place de 20%. Cet
impôt injuste touche en particulier les catégories sociales défavorisées et ne
fera qu’aggraver la récession.
Pour éviter que la politique actuelle
n’entraîne notre pays dans une paupérisation de masse aggravée avec le risque
de développement de l’extrême droite, Justice &
Libertés demande que soit mise en œuvre une politique de justice
sociale et fiscale véritable.
(1)
Jean-Baptiste
Chastand- Le Monde du 27 février 2013.
(2)
Laurence Girard-
Le Monde du 27 février 2013.
(3)
Dominique
Gallois- Le Monde du 28 février 2013.
(4)
Hélène Bekmezian
et Bastien Bonnefous- Le Monde du 28 février 2013.
(5)
Claire Guélaud-
Le Monde du 1er mars 2013.
Les ayatollahs…
(Suite de la 1ère page)
Suite
au processus de «dédiabolisation» du FN-satisfaisant aussi bien pour le
FN que pour ses compères de l’UMP-, c’est maintenant au tour de l’UMP de
s’éloigner du cadre républicain pour se rapprocher davantage du FN, de ses
valeurs et de celles de ses composantes. C’est la démarche de la «droite
décomplexée» si chère à Jean-François Copé et à ses lieutenants.
Ci-dessous, quelques démarches de convergence :
Le
16 janvier 2013, Lionnel Luca, député UMP et un des chefs de file du «Collectif
de la droite populaire», déposait une proposition de loi, cosignée par
Marion Maréchal-Le Pen, Alain Marleix, l’ancien secrétaire d’Etat UMP et
d’autres UMP «décomplexés». La proposition portait sur la reconnaissance
du «génocide vendéen de 1793-1794» (1).
Un
autre signal de convergence est venu de Christine Boutin- une figure des
intégristes au sein de l’UMP- à qui le testament de Louis XVI «révèle son
amour pour Dieu, sa famille et son peuple». Ce signal devrait satisfaire
les intégristes des deux bords.
A
l’initiative de Jacques Bompard, élu d’extrême droite et un des fondateurs du
FN, plusieurs responsables d’extrême droite débattront des libertés à
l’Assemblée nationale, où sont invités des représentants de leur mouvance mais
aussi deux membres de l’UMP, qui ont confirmé leur présence à l’AFP. (2)
Convergences
UMP-FN sur la lecture de l’histoire, sur la figure «martyre» de Louis XVI, sur
les «libertés», grâce aux projets de lois, des dialogues et des colloques. Que
veut le peuple de droite ?!!!
Faut-il
rappeler que le travail de «convergence» a commencé sous Nicolas
Sarkozy, conseillé par Patrick Buisson, venu de l’extrême droite. Actuellement,
ledit conseiller continue son travail d’«unification de toutes les droites»
auprès des responsables de l’UMP dont Jean-François Copé qui admet avoir
«adopté pendant la campagne interne pour la présidence du parti une ligne
clivante, dans la continuité de celle préconisée par M. Buisson pour la
campagne présidentielle de M. Sarkozy.» (3)
Voici
ce que pense Patrick Buisson du combat fratricide Copé-Fillon : «Incontestablement,
Jean-François Copé aura fait montre d’un grand courage dans le combat des idées.»(4)
Y
a-t-il une différence notable entre Jean-François Copé et François
Fillon ? Force est de constater que les deux candidats à la présidence de
l’UMP ne ratent aucune occasion pour se réclamer de l’héritage sarkozyste. Le
21 août 2012, sur RMC, Jean-François Copé a parlé de son «lien très
singulier, très personnel» avec Nicolas Sarkozy, et souligné qu’il a «partagé
avec lui tous ses combats» (5)
De
son côté, François Fillon dit haut et fort que «toutes critiques contre le
bilan de Nicolas Sarkozy sont des critiques contre moi-même.»(6)
Ces
déclarations montrent bien que les deux prétendants à la direction de l’UMP
sont, par rapport à Nicolas Sarkozy, des «seconds couteaux», des exécutants
d’un théoricien que Renaud Dély (7) qualifie d’«inventeur de la
droite brune». Les journalistes ne se sont pas trompés lorsqu’ils notent
que dans son programme, François Fillon a intégré des fondamentaux de la
campagne de Nicolas Sarkozy : pas d’aide sociale sans
contreparties ; «assimilation» obligatoire pour les immigrés, qui
seraient «sanctionnés quand ils ne s’intègrent pas» ; fermeté en
matière de sécurité. (8)
A
son tour, Jean-François Copé reprend la plupart des thèmes de campagne de
Nicolas Sarkozy, de la lutte contre l’assistanat à l’immigration
incontrôlée. «Je m’inscris dans sa continuité (…) en incarnant une
droite décomplexée. » (8)
On
voit bien que sur le fond, il n’y a pas de différence notable entre
Jean-François Copé et François Fillon qui a mené campagne sur une ligne
radicale. Il devrait exister de petites différences de méthodes, liées au
parcours ou à la personnalité de chacun.
La
«droite décomplexée» est donc une droite qui cible les couches
défavorisées de la société qualifiées d’«assistés», terme employé par l’extrême
droite. Comme elle, la «droite décomplexée» attise les peurs de la
société en ciblant les «étrangers» -Roms, Musulmans, Maghrébins- qui ne
s’«intègrent» pas et sont la cause des maux dont souffre le pays. En détournant
la colère des travailleurs français vers les travailleurs étrangers et les
sans-papiers, l’étranger devient le bouc émissaire qui protège la grande
bourgeoisie financière et industrielle de la colère populaire. La
stigmatisation des «élites», jetées en pâture au «peuple», la dénonciation
du «système»- la République-, l’éloge des électeurs d’extrême droite
qualifiés de «voix de la France qui souffre», sont quelques traits
caractéristiques du populisme à la française.
Imitant
Jean-Marie Le Pen au soir du 21 avril 2002, qui prétendait en appeler «aux
petits, aux sans-grades», Nicolas Sarkozy lançait à ses partisans rassemblés
pour son premier meeting d’entre-deux-tours : «Je veux parler aux petits,
je veux parler aux sans-grades, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas
mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille
pas gagne davantage que lui […], je veux parler à tous ceux dont l’opinion ne
compte pas parce qu’ils ne manifestent pas, parce qu’ils ne protestent pas,
parce qu’ils ne cassent pas, mais qu’ils ont le droit d’être respectés et,
nous, le devoir de leur répondre !... »(7)
Bref,
c’est le langage et le projet lepénistes qui forment le discours et le projet
de la «droite décomplexée».
Comparant
Nicolas Sarkozy à ses lieutenants, Stéphane Rozès, président de la société de
conseil Cap, écrit : «La droite décomplexée de Nicolas Sarkozy
pouvait emprunter au bonapartisme, au conservatisme ou à la droite
maurassienne, avec la grande plasticité idéologique qui le caractérise. Mais,
aujourd’hui, la droite décomplexée, c’est la ligne maurassienne de Patrick Buisson.»
(9)
Le cœur du projet de la
«droite décomplexée» est rétrograde,
antisocial, xénophobe et raciste.
D’aucuns
pensent que la «droite décomplexée» a perdu le contact avec le pays
réel. «De part et d’autre de l’Atlantique, la guerre à l’impôt, le moindre
d’Etat, la remise en cause des acquis sociaux, le nationalisme, le procès fait
au libéralisme post-1968 en matière de mœurs, ne suffisent plus nécessairement
à unir une majorité. Analogues par leurs origines, les crises d’identité que
traversent les deux droites, française et américaine, supposent de profonds
aggiornamentos.»(10)
L’avenir
nous dira si la «droite décomplexée» est un mirage sans lendemain pour
la droite ou un cauchemar pour les Français.
(1)
Le Monde du 19 janvier 2013.
(2)
L’EXPRESS.fr du 25 janvier 2013.
(3)
Le Monde du 26 janvier 2013.
(4)
Le Figaro du 13 novembre 2012.
(5) Patrick Jarreau- Le Monde du 24 août 2012.
(6) Abel Mestre- Le Monde du 28 août 2012.
(7)
Renaud Dély- La droite Brune- Flammarion ENQUÊTE.
(8)
Alexandre Lemarié- Le Monde du 1er septembre 2012.
(9)
Pierre Jaxel-Truer- Le Monde magazine du 1er décembre 2012.
(10)Philippe Bernard-Service International- Le Monde
du 08 décembre 2012.
Hommage à Stéphane
Hessel (suite de la 1ère page)
Décédé
le 27 février 2013 à 95 ans, Stéphane Hessel fut toute sa vie un infatigable
défenseur des Droits de l'Homme.
Pendant
la Seconde Guerre Mondiale, il participa à la Résistance, fut arrêté et déporté
en camps de concentration, dont il réchappa de justesse.
Devenu
diplomate à l'ONU, il participa à l'élaboration de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme en 1948, déclaration qui fut pour lui une référence
constante et le conduisit à s'engager dans de multiples combats pour leur
défense, contre toutes les oppressions.
Son
autre référence fut le programme du Conseil National de la Résistance,
programme élaborant une politique de justice sociale pour la France.
En
2010, il publiait : «Indignez-vous !» pour inciter les
jeunes générations à ne pas accepter et à résister contre un monde d'injustices
et d'inégalités.
Cet
ouvrage fut suivit rapidement de : «Engagez-vous !».
Ses
engagements divers et prolongés lui valurent de nombreuses attaques et
calomnies.
Il
nous a montré la voix de l'esprit de résistance et de non- résignation à
l'injustice.
Pour
tout ce qu'il nous a apporté et l'exemple qu'il nous a montré, nous lui rendons
un très sincère hommage.
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